Le franciscain Odoric de Pordenone part pour l’Extrême-Orient après 1318. La première partie du voyage se déroule le long de la route qui traversait l’Arménie et la Perse jusqu’au Golfe Persique. S’étant embarqué à Hormuz, il arrive à Thana, dans l’île de Salsette, où, en 1321, quatre missionnaires avaient été tués par les autorités musulmanes. Entre 1324 et 1326, il parvient à la résidence de l’empereur mongol, près de Pékin. Après avoir séjourné trois ans à la cour du Khan, il prend le chemin du retour. Cette fois-ci, il voyage par voie terrestre, se dirigeant vers la Chine intérieure. Les indications relatives à cette partie de l’itinéraire sont peu précises. Le dernier renseignement que l’auteur nous donne concerne la vallée du flumen deliciarum. L'ouvrage d’Odoric est un rapport véridique d'un voyage réel, mais aussi une apologie des missions franciscaines en Orient. Le voyageur consacre une ample section de sa relation au récit du meurtre des confrères à Thana. Il devient lui-même témoin direct de leur sainteté quand, tandis qu’il transporte leurs reliques en Chine, il réussit à surmonter toute une série de mésaventures qui débouche sur les chapitres représentant la traversée de l’Océan Indien. La section où Odoric franchit l’obstacle du calme plat a été fortement remaniée dans la famille de manuscrits latins qui constitue le modèle de la traduction française par Jean le Long (1351). La célébration de l'ordre franciscain culmine dans l’épisode de la traversée de la vallée du Fleuve des Délices. L’action se focalise entièrement sur Odoric qui, grâce à sa foi, peut échapper aux maléfices de ce lieu mystérieux. Il s’agit d’un passage obscur qui a résisté à tous les essais d’interprétation littérale. La seule lecture possible est celle qui lui attribue une valeur symbolique: le voyage concret à travers des territoires fascinants et dangereux devient figura du chemin qui mène le chrétien à travers les séductions du monde à la béatitude céleste.

Les dangers de la mer et du désert : voyage réel et symbolique dans les versions latines et françaises du récit de voyage d’Odoric de Pordenone (1330)

Alvise Andreose
2020-01-01

Abstract

Le franciscain Odoric de Pordenone part pour l’Extrême-Orient après 1318. La première partie du voyage se déroule le long de la route qui traversait l’Arménie et la Perse jusqu’au Golfe Persique. S’étant embarqué à Hormuz, il arrive à Thana, dans l’île de Salsette, où, en 1321, quatre missionnaires avaient été tués par les autorités musulmanes. Entre 1324 et 1326, il parvient à la résidence de l’empereur mongol, près de Pékin. Après avoir séjourné trois ans à la cour du Khan, il prend le chemin du retour. Cette fois-ci, il voyage par voie terrestre, se dirigeant vers la Chine intérieure. Les indications relatives à cette partie de l’itinéraire sont peu précises. Le dernier renseignement que l’auteur nous donne concerne la vallée du flumen deliciarum. L'ouvrage d’Odoric est un rapport véridique d'un voyage réel, mais aussi une apologie des missions franciscaines en Orient. Le voyageur consacre une ample section de sa relation au récit du meurtre des confrères à Thana. Il devient lui-même témoin direct de leur sainteté quand, tandis qu’il transporte leurs reliques en Chine, il réussit à surmonter toute une série de mésaventures qui débouche sur les chapitres représentant la traversée de l’Océan Indien. La section où Odoric franchit l’obstacle du calme plat a été fortement remaniée dans la famille de manuscrits latins qui constitue le modèle de la traduction française par Jean le Long (1351). La célébration de l'ordre franciscain culmine dans l’épisode de la traversée de la vallée du Fleuve des Délices. L’action se focalise entièrement sur Odoric qui, grâce à sa foi, peut échapper aux maléfices de ce lieu mystérieux. Il s’agit d’un passage obscur qui a résisté à tous les essais d’interprétation littérale. La seule lecture possible est celle qui lui attribue une valeur symbolique: le voyage concret à travers des territoires fascinants et dangereux devient figura du chemin qui mène le chrétien à travers les séductions du monde à la béatitude céleste.
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