Je voudrais traiter d’un savant italien qui n’est peut-être pas très connu en France, Emilio Garroni. Garroni n’est pas exactement un philosophe de la technique et il a traité ce problème à partir d’un point de vue très spécifique, comme on le verra. Pour faire ressortir la spécificité de sa contribution à la « Philosophie italienne des techniques », je commencerai par aborder deux autres auteurs qui, au contraire, sont bien connus en France, à savoir Martin Heidegger et André Leroi-Gourhan. Le lien entre ces savants si différents est motivé par deux ordres de raisons : d’une part, on trouve dans la pensée de Heidegger et de Leroi-Gourhan deux paradigmes de la technique fondamentaux : je crois que, encore aujourd’hui, la philosophie de la technique doit se définir par rapport à ces deux paradigmes ; d’autre part, il me semble qu’il y a, sur certaines questions spécifiques, une convergence singulière entre Heidegger et Leroi-Gourhan. Bien que leurs points de vue soient radicalement différents – surtout sur le plan méthodologique – il me semble qu’on peut trouver dans la question de la relation entre technique et langage un point de rencontre. Et c’est précisément à cette question qu’Emilio Garroni essaie de répondre, en donnant sa contribution la plus originale. Grâce au concept de méta-opérativité, Garroni ajoute un élément important au parallélisme entre technique et langage déjà établi par Heidegger et Leroi-Gourhan, en introduisant en même temps dans la discussion une perspective esthétique utile pour identifier la spécificité des opérations techniques et linguistiques de l’homme.
Technique et langage: Leroi-Gourhan, Heidegger, Garroni
Feyles
2019-01-01
Abstract
Je voudrais traiter d’un savant italien qui n’est peut-être pas très connu en France, Emilio Garroni. Garroni n’est pas exactement un philosophe de la technique et il a traité ce problème à partir d’un point de vue très spécifique, comme on le verra. Pour faire ressortir la spécificité de sa contribution à la « Philosophie italienne des techniques », je commencerai par aborder deux autres auteurs qui, au contraire, sont bien connus en France, à savoir Martin Heidegger et André Leroi-Gourhan. Le lien entre ces savants si différents est motivé par deux ordres de raisons : d’une part, on trouve dans la pensée de Heidegger et de Leroi-Gourhan deux paradigmes de la technique fondamentaux : je crois que, encore aujourd’hui, la philosophie de la technique doit se définir par rapport à ces deux paradigmes ; d’autre part, il me semble qu’il y a, sur certaines questions spécifiques, une convergence singulière entre Heidegger et Leroi-Gourhan. Bien que leurs points de vue soient radicalement différents – surtout sur le plan méthodologique – il me semble qu’on peut trouver dans la question de la relation entre technique et langage un point de rencontre. Et c’est précisément à cette question qu’Emilio Garroni essaie de répondre, en donnant sa contribution la plus originale. Grâce au concept de méta-opérativité, Garroni ajoute un élément important au parallélisme entre technique et langage déjà établi par Heidegger et Leroi-Gourhan, en introduisant en même temps dans la discussion une perspective esthétique utile pour identifier la spécificité des opérations techniques et linguistiques de l’homme.I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.